jeudi 5 mai 2016

Au Monténégro du lac Skadar aux bouches de Kotor

Lundi 25 avril

Nous quittons l'appartement de Tirana et allons à la gare routière. Un grand bus (français) attend le départ pour Shköder. Nous pouvons y mettre nos chariots en soute sans problème. 3/4 d'heures après, nous sommes partis. Dans les faubourgs de Tirana, nous apercevons les mêmes étalages de nourriture et d'habits qu'à Elbasan. Un vélo triporteur est rempli de volailles vivantes.
De Tirana à Elbasan, la route forme un corridor urbanisé. Nous voyons beaucoup de magasins de meubles et de pneus et de grands hôtels neufs.
Un jeune homme en formation de professeur des écoles entame la conversation dans le bus. Il nous indique à Shköder le lieu de départ du minibus pour le Monténégro.
Une heure après, nous quittons l'Albanie, pays où nous nous sentions si bien. Nous faisons la connaissance d'un jeune japonais qui voyage pendant 4 mois. Il va à Berlin mais pas en France car "c'est trop cher".
Le chauffeur du minibus nous trouve un chauffeur de taxi officieux à la frontière, pour nous conduire jusqu'au village de Donji Murici au bord du lac Skadar où nous reprendrons la marche. Pour l'instant il pleut et nous commençons à réviser nos projets de camping. Notre chauffeur pinaille sur la monnaie à nous rendre. Le couple qui tient le petit complexe touristique camping/chambres/restaurant nous demande 70 euros pour 2 lits doubles dans 2 minuscules chambres qui puent la cigarette, sans petit déjeuner et avec les sanitaires à 100 m dehors. Il y a un grand auvent. Nous leur disons que nous allons camper dessous. 1/4 d'heure après, le vent se lève et nous sommes très vite transis. Nous ne pouvons pas installer nos tentes sous l'auvent car le sol est en béton et celles-ci ne sont pas autoportantes. Gwénolé et Yann les montent alors sous la pluie. En prime la pompe de notre réchaud à essence nous lâche définitivement. Nous sommes obligés de faire appel à nos hôtes pour cuire notre riz mais ils ne desserrent pas plus les dents. Des êtres aussi rustres dénotent avec la beauté de cet endroit.
Au final, la pluie s'arrête, le vent nous évite d'être dans l'humidité et nous passons une bonne nuit.


Site de Donji Murici. Lieu superbe à l'accueil glacial !






Mardi 26 avril - reprise de la marche - 22 km

Il fait beau, nous profitons enfin de la vue imprenable sur le lac. Après un petit déjeuner "muesli-lait concentré sucré" vite avalé, nous remontons sur la route qui surplombe le lac. Un grand-père accompagné de sa petite fille nous salue en souriant. Ouf, ils ne sont pas tous comme les hôtes que nous venons de quitter ! Un couple s'active sous un arbre à dépecer un mouton accroché par les pieds à une branche.
Après une pause pique nique dans un village où quelques vieux nous dévisagent, nous redescendons au bord du lac à Virpazar. Le village est joli, nous trouvons rapidement à nous loger grâce aux rabatteurs à l'affût de touristes. C'est d'ailleurs ici que nous entendons à nouveau parler français.

Petit déjeuner au bord du lac

Vues imprenables !



Le minaret du village


Un groupe de motards allemands que nous prenons d'abord pour des douaniers se prennent en photo devant le paysage.


Puit taillé dans le roc pour les bergers et leur troupeau. 






Nous apprenons quelques mots de monténégrois, en fait du serbo-croate que nous avons déjà utilisé l'été dernier et en Macédoine. Nous cherchons une supérette mais il n'y a plus aucun commerce dans ces villages qui surplombent le lac. Nous finissons nos dernières victuailles (pistaches, olives, fromage, figues sèches et biscuits).

Les villages que nous croisons ont subit un fort exode rural. Les maisons sont souvent occupées par des personnes âgées. 






La viticulture associée au tourisme contribue par endroits au maintien d'une vie villageoise.


La taille des papillons ! 




Notre arrivée à Virpazar 





Nous dînons sur la terrasse de notre studio.

Mercredi 27 avril - 12 km - 34 km cumulés

Nous partons, après les devoirs scolaires, avec la pluie... La météo indique une accalmie en fin de matinée et des averses pour la nuit. L'objectif du jour est à 10km à Komarno. Nous remontons vers les montagnes, les panoramas s'ouvrent et la campagne est toujours aussi sauvage. A part une voiture de temps à autre, les seuls sons que nous entendons (à part le bruit que nous faisons nous-même! ) sont les chants d'oiseaux.
Nous arrivons à Komarno et tentons de trouver un lieu de bivouac.  Nous demandons à une 1ère personne si nous pouvons planter la tente dans une prairie fauchée, sans succès. Elle nous renvoie vers une autre habitation. Nous allons donc vers la maison indiquée, une personne âgée en sort et nous demande si nous voulons acheter du vin. Elle nous le fait goûter mais il est vinaigré. Nous finissons par lui demander si nous pouvons planter la tente mais elle reste évasive... Nous décidons alors de nous poser sur un plateau à côté de la route mais la 1ère dame qui nous surveillait nous fait signe de partir et fait semblant d'appeler la police... Vraisemblablement nous ne sommes pas les bienvenus dans ce village. Nous partons donc et remontons vers le village abandonné de Zastek. Nous avons à peine le temps de monter les tentes que la pluie arrive et ne nous quittera pas de la soirée et de la nuit. Nous dînons froid sous une arcade de maison qui fuit et nous couchons, nous demandant bien comment se passera la nuit.




Le lac Skadar




Nous ne nous lassons pas de l'esthétique des potagers.

Village de Komarno

Sur la montée vers Zastek, nous admirons les contours du bout du lac 

Jeudi 28 avril - 11 km -  45 km cumulés

Bon anniversaire Xavier ! Xavier fête ses 13 ans !
Nos tentes ont tenu malgré la nuit sous une pluie battante. Merci Décathlon et Helsport ! Pour la deuxième fois en 1 ans, nous petit-déjeunons sous la tente. Nous profitons d'une accalmie pour tout plier. Nous partons trempés sous le crachin mais, au bout d'une heure de marche, la pluie finit par s'arrêter et nous, nous commençons à sécher... Un peu avant midi, nous apercevons un panneau miel (med en monténégrin). Après délibération nous décidons d'aller voir. La ferme surplombe un des méandres du fleuve qui coule vers le lac, le lieu est superbe et sauvage. Un homme nous accueille avec du raki, du vin et un jus de pomme pour les enfants. Nous voyons un panneau indiquant qu'ils louent des chambres. Après discussion et négociation, nous décidons de rester. En plus des chambres,
ils font table d'hôte et ont un canot à disposition pour se promener sur la rivière. Que rêver de mieux pour fêter l'anniversaire de Xavier !

Encore un petit-déjeuner müesli-lait concentré mais sous la tente cette fois

On plie vite pendant une accalmie



L'accueil chaleureux et la beauté du paysage nous fera arrêter au village de Lipovik.

Scions du jambon !



Nos hôtes produisent du miel, du vin et cultivent des oignons. Les oignons et les pommes de terre semblent être la base de tout potager monténégrin qui se respecte.

Le village de Lipovik



Après les pluie des ces derniers jour, il nous faut écoper avant d'embarquer 













Ce soir, crudités, truites, frites, vin maison...et oignons du potager !

Nos hôtes : Dushka et Drago

Vendredi 29 avril - 24 km - 69 km cumulés

Bien lestés par les beignets que Dushka nous a préparés, nous remercions nos hôtes et descendons vers Rijeka Crnojévica. Ce village moribond fut une place de marché importante. Nous découvrons à cette occasion que nous suivons depuis Virpazar une ancienne voie caravanière. Nous nous approvisionons dans une mini-supérette puis montons sur une route goudronnée.
Sur le chemin nous parlons avec des Français pour la 1ère fois depuis Thessalonique. Daniel et Juth habitent Paris, ils ont pas mal bourlingué dans leur jeunesse et visitent le Monténégro en voiture. Ils repartent en nous laissant des bêtises de Cambrai, quelques biscuits de Venise et des barre de céréales bio.
Un peu plus loin un homme qui vend des "rakis arrangés" nous arrête. Nous nous posons donc pour déjeuner pendant qu'Andréa nous fait goûter ses rakis aux figues ou  à la noix. Lui boit surtout et grignote un peu de lard. Il nous dit qu'il a travaillé en Lybie et en Angleterre, qu'il est allé 5 fois à Paris mais ne nous dit pas pourquoi ! Avant que nous reprenions le chemin, il nous offre une tisane et du café. Merci pour ce moment partagé !  Nous remontons ensuite vers le plateau de Cetinje. Un peu avant d'atteindre ce dernier, les enfants prennent un petit chemin sur 300 m pendant que Charlotte et Gwénolé prennent la route de 1 km. Un cyclo arrive en soufflant. C'est Markus, un allemand  originaire d'un village près du Bodensee. Il est hyperchargé avec 130 kg de bagages !  Il voyage depuis 4 ans et est sur le chemin du retour. Il a voulu quitter pour un temps la société de consommation et l'omniprésence des smartphones et autres outils technologiques.
Faute de bivouac possible, nous nous dirigeons ensemble vers Cetinje à la recherche d'un endroit pour passer la nuit. Après la recherche du camping qui n'existe pas, des personnes nous proposent une maison au confort sommaire avec 2 chambres : une pour nous et une pour Markus. Nous partageons le repas avec lui. Nous échangeons des anecdotes et nos impressions d'Européens de l'ouest sur les différents pays que chacun a traversé (accueil, gestion des constructions, des déchets, corruption, aides sociales...).


Des beignets (priganitsa) qui nous rappellent étrangement les loukoumades d'Athènes. Ils se mangent avec le miel et la confiture de prunes maison.

Drago et Dushka ont fait cuire une quarantaine d'oeufs dans des pelures d'oignons rouges pour Pâques (orthodoxe).


Arrivée à Rijeka Crnojévica 


Daniel et Juth

Andréa et...

... sa cabane





Samedi 30 avril - 15 km - 84 km cumulés

De bon matin, Markus et nous préparons notre route. Lui, pour aller vers Herceg Novi, nous, pour atteindre Kotor avant le retour de la pluie prévu le sur-lendemain.
Nous visitons Cetinje (qui fut capitale du royaume du XVème au XIXème siècle) avant de reprendre notre ascension vers les montages. Ce soir, nous serons 700 m plus haut à 1300 m. Nous alternons portions de routes goudronnées et chemins et arrivons sur le plateau de Lovcen au coeur du parc national du même nom. Nous posons nos tentes à côté d'une chapelle dans la zone des hôtels et aires de pique-nique.

Séminaire orthodoxe de Cetinje 



Notre maison au matin avec le vélo de Markus 



Monastère de Cetinje

La chapelle où son enterrés les monarques.

Quelques maisons témoignent de la grandeur passée de la ville.
Ancienne ambassade de France

Le kebab des herbivores 






Notre campement pour la nuit.

Dimanche 1er mai - 15 km - 99 km cumulés

Il a fait froid cette nuit, les tentes ont gelé mais pas nous heureusement !
Les nuages s'installent, nous plions vite les tentes et petit déjeunons mais la pluie annoncée ce soir par la météo est déjà là... et à 1400 m l'eau est froide. Aujourd'hui nous devons atteindre Kotor qui est au niveau de la mer Adriatique soit 1400 m de descente. Scène pathétique ce matin : 3 4X4 nous dépassent dans le brouillard. Les touristes assis à l'intérieur essayent de prendre des photos à travers les vitres embuées...
Une accalmie au moment du déjeuner et l'abri du départ d'une tyrolienne nous permettent de sècher un peu et de nous réchauffer avant de repartir. Au loin, nous voyons déjà le fjord de Kotor. La descente vers Kotor est superbe mais les lacets sont interminables. Nous rêvons d'un endroit sec pour ce soir et les jours à venir. Solenn et Yann "sauvent" les escargots en les déplaçant sur les côtés du chemin.
Arrivés à Kotor, nous sonnons à la porte de plusieurs logements sans succès. Il faut dire que nous sommes le dimanche de Pâques orthodoxe... Tout à coup, alors que nous essuyons un 4ème échec, une voiture s'arrête bien décidée à nous aider. Le conducteur hallucine de voir que nous débarquons là sans rien avoir réservé. Quelques coups de téléphone plus tard, il nous trouve un appartement très agréable, pas cher avec des hôtes accueillants. De quoi reprendre des forces en attendant l'amélioration du temps. Nous souhaitons aussi pouvoir explorer le fjord en kayak !



Le fjord de Kotor est en vue.


Notre abri pour déjeuner 




Kotor vu d'en haut




Les escargots ici ont la coquille à l'horizontale


5 commentaires:

  1. J'espère que le beau temps va vite revenir;)
    Nous vous embrassons, Lucie Olivier Romane Pauline Antoine

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ces dernières nouvelles !
    Philippe a décelé que les motos du groupe d'Allemands étaient des BMW...Quant au cycliste et ses 130 kg de bagages, cela parait surréaliste pour quelqu'un qui fuit la société de consommation...(Et vous, quel est le poids de vos chariots ?...)
    On espère que les 3 petits lutins oranges vont vite se défaire de leurs capes de pluie !
    Bravo pour votre optimisme, votre énergie, votre attention à tant de détails de la nature...
    On vous fait de grosses bises et... à la semaine prochaine pour découvrir la suite de vos aventures !
    Izabelle & Philippe (Le 9/05 à 21h40)

    RépondreSupprimer
  3. 130 kg de bagages, c'est effectivement énorme pour une personne, même avec une tente spéciale pour la neige et des affaires pour les 4 saisons. Nos sacs sur les chariots pèsent environ 18 kg, plus les 7 kg de chaque chariot, les 1 à 4kg de nourriture, les 3kg du sac à dos de Charlotte et les 5 kg de celui de Gwénolé, soit environ 39 à 43 kg sans les chariots.
    Amitiés

    RépondreSupprimer
  4. C'est belle article ! C'est le magnifique voyage ! Grand merci pour votre partage !

    RépondreSupprimer