jeudi 31 mars 2016

Sur la Via Egnatia d'Edessa à Bitola

Samedi 26 mars - 14km - 141km cumulés

Xavier est sur pied. Nous reprenons donc le chemin. Nous passons sur le pont byzantin, tournicotons un peu à cause de passages fermés et enchaînons sur une grimpette vers les montages. Nous atteignons un plateau qui s'étend jusqu'au village de Nisi. Le lac n'est plus qu'un ensemble d'étangs, décidément il n'a pas assez plu. La première femme rencontrée dans le village nous demande 3 fois comment nous voyageons, à chaque fois nous montrons nos pieds. C'est une plus jeune qui lui répète !
Notre guide note qu'il y a d'éventuels domatia ou chambres à louer à Nisi. Nous demandons donc à la supérette (encore un homme qui parle allemand, ayant travaillé en Allemagne) puis au café mais sans succès. Après avoir fait le plein pour le dîner, nous quittons le village sous les regards d'une dizaine d'enfants et nous posons un peu après. La nuit promet d'être fraiche avec une prévision à -3° ...

Prêt pour le départ !

Passage du pont byzantin 






Notre feu pascal


Dimanche 27 mars - 15km - 156 kM cumulés

La nuit fut fraîche mais avec les sacs de couchages la famille n'a pas eu froid. Nous nous préparons au son des chants de l'église du village d'en face. Nous partons vers Arnissa. Le chemin grimpe puis arrive à un nouveau plateau, 300 mètres plus haut, cerné de montagnes. Les pommiers et cerisiers remplacent les abricotiers et pêchers, la floraison commence tout juste. Notre ville étape du jour se trouve au bord d'un lac. En arrivant nous nous adressons au garage qui se trouve à l'entrée de la ville pour demander où se trouvent les hôtels. Nous tombons sur Semila, une dame qui parle français. En fait, son père a émigré en Belgique pour travailler dans les mines puis est retourné en Grèce pour la retraite. Elle l'a suivi. Semila contacte Sophia qui nous installe dans une chambre puis nous laisse l'hôtel pour nous tous seuls.
Pour fêter Pâques, nous dînons dans une auberge. Celle-ci est tenue par une famille. Les grands-parents ont habité en Allemagne, eux et leur fils Christos parlent allemand. Nopi son épouse parle anglais. Leur fils aîné est pharmacien mais ne trouve pas de travail en Grèce. Étant germanophone lui aussi, il envisage de partir travailler en Allemagne. Christos nous offre du tsipouro et nous montre des photos et films de leur vie sur son smartphone. Nous sommes invités à une répétition de danse traditionnelle le lendemain soir. Nous déclinons pour être à temps au rendez-vous en Macédoine avec la soeur de Charlotte.

La journée est froide et grise mais les paysages sont beaux




Arnissa

Lac Petres




Lundi 28 mars - 19km - 175 km cumulés

Nous commençons sur un chemin tout plat dans les vergers (et les traitements !). Nous prenons ensuite la route quasi déserte. A force de pentes à 10% nous voyons de mieux en mieux les montagnes autour. Nous retrouvons ensuite les chemins de terre sur 2 plateaux successifs. Au total nous aurons croisé un camion de paille, 3 voitures et un berger menant son troupeau.
Avant le village de Kella le spectacle est désolant : le vallon qui descend vers le lac Petres est jonché d'ordures. Une clôture et un panneau flambant neuf dissuadent dorénavant ceux qui voudraient utiliser le lieu comme décharge.
A Kella nous sommes tout de suite repérés par les enfants. L'hôtel étant fermé, nous leur demandons où habite le pope. Ils courent le chercher. Celui-ci se contente d'emmener Gwénolé au café. Le patron parle un peu anglais et dit que nous pouvons nous installer dans le stade ou dans la maison ouverte aux 4 vents à côté ! Nous choisissons le stade et son robinet d'eau pour tout confort. Nous nous réchauffons à un feu de bois sur une plate-forme bétonnée puis dans nos sacs de couchage.

Ajourd'hui nous avons un seul passage à gué


Le lac Petres vu d'en haut




En arrière plan, Kella, notre objectif du jour 


Nous apercevons les bergeries de Kella qui épousent la pente de manière surprenante.

Kella compte autant de bergeries que de maisons 



Dîner sur le banc de touche


Mardi 29 mars - 13km - 188km cumulés

À notre départ les enfants nous font signe depuis l'école. Un homme tente encore de nous faire prendre la route goudronnée mais nous prenons les chemins des bergers. En haut de la colline nous découvrons la plaine qui va nous conduire aux montagnes de Macédoine. Des petits bunkers témoignent des luttes qui ont eu lieu pour la possession de ce territoire. Nous avons pris un chemin qui ne continue pas, nous n'avons plus qu'à descendre à travers une chênaie. Nous pique-niquons sous des acacias, nous nous faisons suivre quelques longues minutes par des chiens de troupeau puis nous passons entre la centrale thermique et la mine de charbon.
A Melite les chambres sur lesquelles nous comptions n'existent pas. Nous entrons dans un café pour poser à nouveau la question.

Ils nous ont offert des sodas et après ils nous ont donné: 2 fois des frites 1 fois de la viande et pour papa et maman 3 fois un vin grec mélangé avec de l'eau gazeuse. Après un des gars, Costas, nous a accueilli chez lui dans une énorme maison tout en bois.

Yann

Deux Costas, plus Yannis qui parle anglais, qui ramène Vassilios qui parle couramment français nous aident finalement à trouver une solution pour la nuit.
Les 2 Costas travaillent à la mine de charbon mais sont actuellement en chômage technique car en raison de la crise la Grèce est en surproduction d'électricité. Et en Grèce chômage technique signifie revenu égal à 0. Vassilios était informaticien en Belgique. Il nous explique que de nombreux mineurs grecs sont partis travailler dans les mines de charbon belges pour bénéficier de meilleures conditions de travail.

Près de la frontière macédonienne les habitants des petits villages nous ont "dénoncés" à la Police en leur disant que nous étions des syriens. La première fois côté grec nous étions dans le bar à Melite et 2 agents de police sont entrés et nous ont demandé nos passeports! La seconde et la troisième fois, du côté macédonien, nous marchions et des policiers sont arrivés en voiture. A chaque fois ils sont repartis en nous disant "good trip !".
Xavier


Dans les rues de Kella



Un berger part sur son âne




La Macédoine est en vue



Nous passons entre la centrale thermique et la mine de charbon 


Nos bons samaritains du jour : à droite Costas 1, à gauche Yannis et au milieu Vassilios



Mercredi 30 mars - 12km - 200km cumulés

Après une bonne nuit chez Costas 2, celui-ci nous emmène en voiture pour passer la frontière. Nous avons accepté sa proposition d'une part car nous étions un peu justes pour notre rendez-vous à Ohrid le 7 avril. D'autre part, nous savions que nous n'aurions pas d'hébergement possible à la fin de l'étape avant la frontière et, dans le contexte actuel, 2 tentes plantées près de la frontière auraient inévitablement attiré la police. De surcroît, passer la frontière à pied nous aurait fait perdre un temps certain. Même en voiture, nos passeports ont été examinés pendant un quart d'heure !
Avec Costas nous disons "Adio Ellas". Nous quittons la Grèce avec un pincement au coeur, surtout vue la chaleur humaine des dernières heures.
Nous entrons en république de Macédoine, dans un pays que nous essayions de ne pas nommer en Grèce. En effet, les Grecs n'admettent pas qu'un autre pays que le leur utilise le terme Macédoine. Ils disent "Skopje" ou éventuellement "FYROM".
L'ambiance change dès les premiers villages, les habitants sont plus suspicieux.
A Bitola nous trouvons beaucoup de ressemblances avec Novi Sad, en Serbie ou Bratislava, en Slovaquie, un mélange d'inflaustro-hongrois et de jeunesse branchée dans des rues piétonnes modernes, assorti de bâtiments de l'ère communiste. A Bitola s'ajoutent des restes de l'empire ottoman.
Notre hôte qui nous loue un appartement vient nous chercher à la tour de l'horloge. Nous sommes passés à l'heure d'été dimanche mais nous reculons à nouveau nos montres d'une heure pour changer de fuseau horaire. Nous voilà à l'heure française !


Devant la maison de Costas 2, notre bon samaritain de la nuit et du jour

1 ère église macédonienne ! 

Nous changeons de pays, voici des poivrons séchés




Monastère Saint Christophe 





Arrivée à Bitola 



Jeudi 31 mars

Nous nous occupons des devoirs scolaires, des lessives, nous cuisinons les produits du marché et visitons le centre ville.
Bitola compte une église catholique qui est fermée. Dommage, nous n'en verrons pas d'autre avant une semaine. L'agence consulaire française, juste en face, est fermée aussi. Nous espérions y trouver un fanion français pour mieux nous identifier.

Le travail du jour

La mosquée est en pleine restauration... financée par la Turquie.

Le grand marché 

L'église catholique du Sacré coeur 



Les petites rues du grand bazar. En son centre le grand marché.




Anciennes maisons du centre ville 
L'hôtel Épinal (ville jumelée avec Bitola)
L'oeuvre de Xavier grâce au four. Ce sont des gâteaux aux pommes