lundi 21 mars 2016

La via Egnatia de Thessalonique à Pella


Carte de la via Egnatia 


Mardi 15 mars - 15 km

Nous nous rapprochons du nord de Thessalonique en bus, après avoir dit au revoir à Sébastien. Nous progressons sur des collines qui servent de pâturages, en bordure des zones industrielles. 4 fois, des hommes nous demandent où nous allons et nous expliquent en grec le chemin à prendre (bien que nous ne soyons pas perdus !).
Puis nous remontons une vallée avec 3 passages à gué. Avec la pluie des dernières heures, les traversées sont difficiles. Solenn finit par tremper ses deux chaussures et Gwénolé aussi, au dernier passage a gué, avec les sacs sur les épaules, pour gagner du temps. Bilan de l'après midi deux paires de pieds mouillées. Heureusement le soir à Oraiocastro nous logeons dans un hôtel bien chauffé qui permet à tout le monde de se réchauffer et à nos chaussures de sécher. Nous découvrons à la télévision le groupe de réfugiés traversant une rivière pour rejoindre la Macédoine. Nous imaginons comme ils ont dû souffrir du froid.
Nous dînons de gyros, les kebabs grecs.


Notre départ de Thessalonique en compagnie de Sébastien.

Le temps est humide et froid

Les bergeries de la banlieue de Thessalonique sont rudimentaires



Mercredi 16 mars - 10 km - 25 km cumulés

Il fait encore froid, nous restons donc une bonne partie de la matinée dans notre chambre pour les devoirs.
Cette journée est placée sous le signe de la générosité des Grecs dans une des régions pourtant les plus pauvres. Alors que nous pique-niquons dans un petit jardin public à Neochorouda, une dame âgée nous apporte un sac de victuailles : 1 kg de yaourt, 1 l de lait, un petit yaourt et un demi pain. Nous lui demandons par signe si elle ne veut pas plutôt garder cette nourriture pour elle mais rien n'y fait. Elle revient avec 2 cuillères à soupe, nous lui montrons que nous avons des couverts, puis avec un sac pour Solenn qui contient un nounours, une poupée et 2 paires de chaussettes neuves ! Nous les laisserons au village suivant sur le bord de la fenêtre d'une église. Nous lui avons montré notre topo-guide, elle a donc dû comprendre que nous n'étions pas des réfugiés mais a dû être touchée par les enfants. Nous partons assez rapidement, ayant peur qu'elle vide sa maison pour nous. Son mari nous fait au revoir de la main avec un bon sourire.
Au village suivant, c'est le boucher qui, nous voyant attendre la réouverture des magasins, vient nous indiquer l'heure d'ouverture de la supérette, nous propose son code wifi et enfin nous amène des bouteilles d'eau, 3 pommes et une orange !
A la sortie du village, nous traversons la voie ferrée et arrivons à la rivière préconisée par le topoguide pour bivouaquer. Une ferme se débarasse sur la rive gauche de ses animaux morts, nous avons l'odeur qui va avec. Un employé nous croit perdus, nous essayons de faire comprendre que nous cherchons un endroit pour camper. Il nous donne 4 oranges et téléphone à une femme qui parle un peu anglais. Celle-ci nous indique d'abord une aire de gens du voyage puis le camp d'Idomeni ! Le gars lui précise que nous sommes des touristes et nous profitons du blanc dans la conversation pour aller nous installer sur la rive droite à un endroit qui ne sent pas trop mauvais.
Au dîner, au moment d'entamer le pot de 1 kg de yaourt, nous mettons à chauffer ce qui s'avère être un plat de haricots blancs et légumes. Cela tombe bien, nous avions encore un peu faim !



Les cadeaux offerts à Solenn. Ils feront certainement d'autres heureux !

La rivière au bord de laquelle nous campons. 


Nous retrouvons les feux de camp avec plaisir.

Le plat de haricots et légumes 


Jeudi 17 mars - 15 km - 40 km cumulés

C'est le jour de la boue qui colle et des chiens qui aboient. Les fermes ne sont pas habitées comme en France, elles sont donc sales et sont gardées en général par 4 à 6 chiens. Heureusement ceux-ci tiennent à peu près leurs distances. Il faut dire que les chariots que nous tirons semblent les impressionner et les découragent d'approcher d'avantage.
Le midi nous déjeunons devant un cabanon au bord d'une route. Une voiture de jeunes s'arrête puis repart. Quelques minutes plus tard c'est le tour d'une fourgonnette occupée par une femme coiffée d'un foulard blanc, un homme et une petite fille, peut-être des Albanais. Ils récupèrent des branchages sur un arbre sec. C'est pour eux que nous aurions dû garder le sac de jouets et chaussettes de la veille !
Sur ces entrefaites, un couple de Grecs en voiture s'arrête aussi et vérifie que nous ne sommes pas perdus !
Quelques bagarres avec la boue plus loin, nous nous installons au seul hôtel de Géfira. Nous nous contentons d'une chambre pour 3. En effet l'hôtel est rempli de photo journalistes et de médecins qui travaillent au camp d'Idomeni.
Alors que nous faisons des courses à la supérette, la patronne nous pose quelques questions. Elle est interloquée, nous demande si nous faisons ce voyage de notre propre chef et offre 3 barres chocolatées pour les enfants !

 







Vendredi 18 mars - 10 km - 50 km cumulés

Les Grecs regardent tellement la télévision qu'ils nous prennent pour des réfugiés! Par exemple, aujourd'hui, nous avons voulu entrer dans une église et la dame qui était à la porte nous a dit "Idomeni!" en montrant un chemin et a fermé à clé ! Ou encore quand nous arrivons dans un village les habitants nous pose la question "tourist ?".
Ici beaucoup de gens parlent allemand. Dans la campagne nous avons été interpellés en allemand "Zu zu!" Le monsieur nous prenait pour des réfugiés qui voulaient passer la frontière macédonienne et nous disait qu'elle était fermée ! 
Nous avons appris à dire FRANCE en grec (GALLIA) mais nous devons le prononcer tellement mal que les gens nous disent "Syria? Syria?"!
XAVIER

Nous passons à la supérette pour présenter à la patronne les enfants, qui n'étaient pas avec nous hier soir, mais elle n'est pas là. Nous achetons 3 pains à la boulangerie, la boulangère nous offre 5  koulouri, petits pains ronds au sésame que nous voyons depuis la Turquie.
Nous marchons sur un chemin de terre tout plat le long d'une voie ferrée puis le long de la rivière Axios. Nous nous posons pour la nuit sur la berge. Les seuls bruits seront les croassements des crapauds.

Les enfants travaillent.






Les cadeaux du jour qui agrémentent notre pique-nique.






Notre lieu de campement au bord de la rivière.

Les enfants fabriquent un radeau.





Samedi 19 mars - 11 km - 61 km cumulés

Nos tentes sont trempées et givrées mais le soleil sèche nos affaires. Une piste cyclable goudronnée nous amène à Koufalia. Nous expliquons une fois en anglais puis une fois en allemand ce que nous faisons là et encore une fois en greco-gestes !
Après le goudron du matin, la boue de l'après-midi épuise les tireurs de chariots. Heureusement l'étape est courte jusqu'à Pella, ville de naissance de Philippe 2 et Alexandre le grand. Cette ancienne capitale de Macédoine fut colonisée ensuite par les Romains qui construisirent la via Egnatia.
Pella ne compte pas d'hôtel mais nous suivons les conseils du topo-guide et nous adressons au restaurant To Lemoni. Georges et Maria nous louent pour la nuit un logement qui sert de temps en temps à leur fils. Le soir nous mangeons notre première moussaka. Georges et Maria nous font goûter en plus du tzatziki et une salade de pommes de terre. Nous apprécions beaucoup leur accueil familial et chaleureux.






Arrivée à Pella
Nous prenons connaissance des nouvelles de Grèce et d'Istanbul 


Le restaurant To Lemoni


Alexandre le Grand 



2 commentaires:

  1. Alors là, si on commence à vous prendre pour des Syriens, où allons-nous? Heureusement que la plupart des personnes que vous rencontrez n'ont pas ces sentiments et sont très accueillants. Je pense bien à vous. Bises. Isabelle de l'INAO

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