mardi 17 novembre 2015

Le sud du chemin de St Paul

Encore merci à tous ceux qui nous laissent un message. Nous recevons toujours avec plaisir vos nouvelles et vos encouragements.

Pour son premier voyage, Saint-Paul était parti d'Antioche (maintenant Antakya) et avait fait voile vers Pergé via Chypre. De Pergé, il avait marché vers le nord jusqu'à Antioche de Pisidie. Nous suivons ce chemin en sens inverse pour terminer par la zone au climat le plus chaud.

Vendredi 6 novembre

Nous quittons, définitivement cette fois, la Charly's pension. Nous prenons un dolmus vers le sud jusqu'à Sagrak pour éviter des étapes de montagne et des traversées de cours d'eau. Nous demandons Ramazan dans le village. C'est lui qui doit nous héberger. Nous arrivons devant sa maison entourée de divers matériaux de construction. La barrière est fermée, nous téléphonons mais la femme qui répond ne parle que turc ; dialogue de sourds ! Deux femmes sortent ; cela va mieux avec les gestes ! Nous avons 3 pièces au rez-de-chaussée pour nous et pouvons cuisiner, le luxe. Par la fenêtre de la cuisine nous voyons un tas de couches, peut-être en attente d'être brûlées ?
L'après-midi nous partons visiter Adada, qui se trouve à environ 2 km. Cette cité grecque puis romaine puis byzantine a été habitée du 2ème siècle avant J.C. au 9ème siècle.
Au retour à Sagrak nous croisons une femme qui s'assoit pour charger sur ses épaules un énorme fagot de branchages. Elle se relève puis gravit la colline escarpée avec son chargement. Quelle vie !
Départ de Charly's pension. Photo avec Carla, Anglaise installée ici depuis 4 ans. Ibrahim n'était pas là.

Arrivée à Sagrak

Montée vers Adada 

L'agora d'Adada

A dada sur la colonne


Un reste de la voie romaine 



Autant de blocs à escalader : c'est le rêve pour Xavier !

Le théâtre 


Une basilique

Le retour vers Sagrak emprunte la voie romaine dont certaines parties à flanc de falaise sont encore intactes. Incroyable ! 



Des chèvres sur notre chemin


Nos hôtesses traient la brebis puis donnent son lait au biberon à ses 2 agneaux (de 10 jours)

Samedi 7 novembre

Nous prenons le petit-déjeuner dans la pièce principale de la maison, chauffée par un poêle. Des matelas contre le mur et des draps repliés doivent servir pour la nuit. Les 2 petites filles ont une caisse de jouets sous la télé.
Xavier, Yann et Solenn prennent un moment avant le départ pour caresser les agneaux et jouer avec les fillettes.
La fin de matinée est difficile ; nous avons un col à passer dans la caillasse. Une paysanne qui descend avec une chèvre nous permet de repérer une sente plus praticable.  Toutes les femmes dans cette région portent le pantalon bouffant traditionnel. Après déjeuner, nous passons encore 2 cols, cette fois sur de vrais sentiers ! Vers 16 h nous arrivons à Süçüler par le quartier de l'université. Une telle implantation dans ce bourg nous paraît incongrue. 1 km après nous nous arrêtons dans l'unique hôtel qui héberge des étudiants d'octobre à mai. Les hôteliers nous nettoient la salle d'eau et la cuisine en catastrophe !

Les enfants assistent à la tétée des agneaux







Pause pique-nique à côté  de la mosquée 

Le veau vient de naître. Il titube encore et cherche le pis.
Les marbreries fleurissent

Vue depuis notre hôtel à Süçüler 

Les enfants en plein travail ! 

Dimanche 8 novembre

Nous partons, légers ; Ibrahim, le patron de l'hôtel, transfèrera nos bagages cet après-midi. Cela nous permettra d'accéder au canyon.
Nous faisons quelques rencontres à la sortie de Süçüler : un couple cueille des olives, 2 femmes sont assises à côté de 2 gros sacs et une femme chargée d'un énorme sac sur le dos grimpe vaillamment la côte que nous descendons.
3 km après le départ nous récupérons une chienne qui nous suit toute la journée.
Après un plein d'eau à la mosquée de Çürük, nous attaquons la montée pour arriver au canyon de Yazılı. Cela tient plus de l'escalade que de la randonnée. En même temps nous changeons de région. Nous passons de l'ancienne Pisidie à l'ancienne Pamphilie, au climat méditerranéen. Le thym fait son apparition. Nous descendons à travers une pinède très pentue. Solenn et Yann se racontent leurs souvenirs  de ski !
Nous terminons notre étape le long de l'eau verte dans le canyon. Avec les arbres au feuilles jaunies, c'est très beau. Nos bagages nous attendent au restaurant en plein air. Nous pouvons planter la tente à côté de la mini-mosquée et de la cabane du gardien. Une douche est disponible dans les toilettes pour handicapés. Le petit chauffe-eau électrique fait diminuer l'intensité de l'éclairage sur tout le site !
Vue sur notre destination du jour depuis l'hôtel de Süçüler 

Sur le bord du chemin, un couple cueille des olives





Notre compagne de randonnée 
Un des rares panneaux... Le balisage est loin d'être aussi précis que par chez nous.




Solenn aère ses pieds pendant la pause de midi 




Arrivée au canyon de Yazılı 

Goûter à l'arrivée

Yann prépare le feu



Lundi 9 novembre

Cette matinée est sous le signe de la lenteur. Les enfants sont accaparés par la chienne qui nous a suivis jusqu'ici et par un chiot ! Le gardien n'est pas levé quand nous partons, nous attachons la chienne pour qu'elle ne nous suive pas. Nous l'entendons gémir. Pour aller jusqu'à Çandır, Charlotte souhaite prendre les 2 km de route. Le reste de la famille préfère un portage des sacs jusqu'au pont par lequel nous sommes arrivés hier pour poursuivre ensuite par un chemin qui est balisé en tant que chemin de St Paul. Option que nous prenons, sauf qu'au bout de 200 m, le chemin est impraticable ! Demi-tour, portage de nouveau sur la partie délicate et vers 11h30 nous voilà sur la route de Çandır !

Nous n'aurons pas tout perdu car nous sommes à Çandır à un moment très animé. Un petit marché se tient sous la halle, un camion pompe à essence provoque un mini-embouteillage, plusieurs personnes (dont nous) attendent une livraison de pain et les écoliers et collégiens déboulent au moment de leur pause. Nous arrivons à compléter nos provisions pour avoir environ 48 h d'autonomie.
L'après-midi, nous montons sans discontinuer sur une piste de montagne empruntée par des camions qui transportent chacun un gros bloc de marbre. Notre vue s'élargit au fur et à mesure sur les vallées et le lac.
A partir de 16 h 30 nous commençons à chercher un lieu de bivouac pas trop proche des énormes carrières de marbre qui génèrent bruit et poussière. Il nous faut également un point d'eau. Nous commençons à désespérer quand nous trouvons avant le village de Yildiz une fontaine et un espace herbeux, ainsi que du bois. A la nuit tombée quelqu'un passe avec une lampe de poche et repart.

La cabane du gardien du resto et la mini-mosquée  


Le chiot qui occupe les enfants 


Portage du matin


Les figuiers et oliviers font leur apparition 

Les orangers et grenadiers aussi

Une mante religieuse

En plein centre de Çandır, séchage d'arachides 

A la sortie, ferme piscicole

Le lac de Çandır n'est pas naturel. Quelques maisons englouties émergent.



Pause goûter

Coin de bivouac environné de montagnes

Mardi 10 novembre

Nous démarrons de bonne heure. Notre première rencontre est celle d'une jeune femme cueillant des olives. Elle sort de son verger et se dirige vers nous avec un sac rempli de coings. Elle ne veut pas que nous la prenions en photo. A la sortie du village un berger mène son troupeau de chèvres. Ensuite nous sommes seuls pour la journée. Le chemin se corse. Il faut hisser nos chariots dans la caillasse avec l'aide des garçons. En contrepartie nous sommes dans des lieux enchanteurs. Nous pique-niquons à côté d'une source dans un lieu aménagé pour un berger : banc de bois, aire pour le feu, structure en bois pour poser une bâche. Malheureusement il nous faut franchir ensuite une échelle pour sortir de la pâture. Un peu plus loin nous récupérons une route forestière, plus praticable. Nous changeons de vallée et descendons jusqu'en fin d'après-midi. Nous espérons arriver jusqu'à un restaurant à Pinargözü mais nous ne le trouvons pas. La nuit est tombée, les habitants sont dans leurs maisons. Nous trouvons dans la pénombre une terrasse herbeuse pour passer la nuit. Les plats lyophilisés que nous transportons nous servent ce soir, merci Mathilde et Gaël !
Quand à la toilette, ce n'est pas encore pour ce soir. Charlotte se lave les cheveux à la fontaine la plus proche tout en faisant le plein d'eau avec Xavier.
Le vent se lève en fortes rafales durant la nuit mais les tentes tiennent bon.

Les ombres de Yann et Solenn


Pique-nique tout confort


Un peu plus loin, un lieu enchanteur où nous serions bien restés





Mercredi 11 novembre

Au lever nous découvrons la vue sur Antalya depuis notre terrasse. Magnifique ! Nous partons vite sans petit-déjeuner avec l'idée de trouver ce fameux restaurant. Nous demandons notre chemin à un homme qui se trouve
là mais ses indications ne sont pas claires. Finalement, plutôt que faire plusieurs kilomètres sans certitude, nous préférons tenter de nous faire dépanner au moins en pain par des villageois. Notre priorité est d'atteindre une pension ce soir.
Nous attendons devant une maison, le chien donne l'alerte, une femme vient nous ouvrir et nous demandons " nourriture ? pain? ". Le visage de la femme se fend d'un grand sourire et elle nous invite carrément à rentrer dans sa maison. Nous nous déchaussons comme d'habitude et entrons dans une pièce meublée de 3 canapés, une télévision, 2 matelas l'un sur l'autre, une petite armoire et un poêle. Sous la télévision sont posés quelques produits de beauté. Adem et Ayşe nous accueillent avec Serap, une de leurs 6 enfants. Celle-ci est dans une école de police et parle quelques mots d'anglais. Les 2 femmes nous amènent un véritable festin : soupe, fromage, oeufs durs, olives, tomates, concombres, beurre, confiture de cerises, pâte à tartiner. Nous avons chacun un paquet de pain plat et fin comme des crèpes. Nous nous asseyons par terre pour manger. Tout le monde rigole quand Ayşe s'aperçoit que Charlotte a du mal à s'asseoir en tailleur et la fait allonger ses jambes devant elle ! Après manger nous nous rasseyons sur les canapés, Serap nous apporte cette fois des grenades et encore du thé. Ils n'acceptent pas que nous les payions, ni que nous les prenions en photo. Nous leur laissons une carte de Nantes. Ayşe nous donne du pain et des grenades pour la route. Serap offre un petit souvenir à chacun, pendentif ou bracelet. Quel accueil ! Au moment du départ ils nous prennent dans les bras et nous embrassent, nous qui étions des inconnus 1 heure et demi auparavant.
Nous démarrons pour une marche de 2h30 en théorie.  En réalité nous prenons l'ancien tracé du chemin de St-Paul, ce qui nous conduit sur un promontoire exceptionnel mais avec une descente galère pour les chariots et une distance à parcourir beaucoup plus grande. Vers 16 h, devant la lenteur de la progression, Gwénolé et Xavier font un premier aller-retour avec un sac et un chariot détachés puis tout le monde ramène le reste des affaires. Nous retrouvons la route, demandons où nous sommes à des motocyclistes. Nous sommes à 10 km de la pension que nous visions et à 5 km de celle qui était plus loin. Nous ne captons pas le réseau pour téléphoner, aussi nous continuons encore un peu. Nous arrivons à un hameau à la nuit tombante. Un homme nous emmène en voiture à la pension de Kozan. Il semble que tout le monde connaît Süleyman qui nous reçoit ce soir, avec de grandes accolades. Est-ce parce que nous sommes plus au sud mais les habitants semblent plus "tactiles" par ici !
Après une bonne douche, nous nous asseyons sur des coussins devant une truite frite, du boulghour et des crudités, bien contents d'être arrivés ici !
Une des multiples fontaines qui jalonnent notre chemin. Grâce à elles, nous fonctionnons avec un poids minimum en eau.


Au loin brille la méditerranée 





6 commentaires:

  1. Avec tous ces reliefs et les très beaux paysages, nous découvrons que votre périple est très sportif. Au moins vous traversez des lieux originaux et rafraichissants avec des rencontres typiques ! Cela nous transmet une bonne bouffée d'oxygène qui manque aux urbains ! Vous nous permettez de visualiser les textes du chemin de Paul, même si vous le parcourez à l'envers et que les textes d'aujourd'hui (actes des apôtres) finissent à Rome.
    Bonne continuation. Cette nuit j'ai pensé et rêvé plusieurs fois à vous ! Très amicalement Jean Louis, avec Catherine à 18h06 heure locale le 18 11.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour à vous 5! Le périple continue à travers des paysages magnifiques visiblement!
    Je suis Anne-Yaëlle de la CVX Ouest-Loire Océan et je m'occupe désormais du journal de la communauté "Vent d'Ouest". M'autorisez-vous à mettre quelques nouvelles de votre aventure ainsi que des photos dans le prochain numéro (juste avant les vacances de Noël)? Ou mieux encore, accepteriez-vous d'écrire un article qui fait le point sur ce qui a déjà été vécu par votre famille et où vous en êtes aujourd'hui?
    Cordialement,
    Anne-Yaëlle (fleurantay@bbox.fr)

    RépondreSupprimer
  3. Photos superbes, cela donne envie :-) bises, Cyril

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour super voyage je vous admire et j aimerai être tellement capable d en faire autant . mais restera un rêve. ... Le voyage est un peu long à aucun moment les enfants demandent à rentrer ?
    Bisous à tous et encore pleins de photos merci .@bientôt 😀

    RépondreSupprimer
  5. Non, à aucun moment les enfants n'ont demandé à rentrer. Il semble qu'ils se rendent bien compte du caractère "hors du commun" de ce qu'ils vivent et ils ne le regrettent pas. En revanche, ce qui revient le plus dans ce qu'ils nous disent c'est le manque de jeux et livre pour enfant dans certains logements et les copains d'école. Ils se rattrapent quand nous rencontrons des enfants du même âge et encore plus s'ils sont français. Ils brisent très vite la glace et savent profiter de ces moments là.

    RépondreSupprimer
  6. Non, à aucun moment les enfants n'ont demandé à rentrer. Il semble qu'ils se rendent bien compte du caractère "hors du commun" de ce qu'ils vivent et ils ne le regrettent pas. En revanche, ce qui revient le plus dans ce qu'ils nous disent c'est le manque de jeux et livre pour enfant dans certains logements et les copains d'école. Ils se rattrapent quand nous rencontrons des enfants du même âge et encore plus s'ils sont français. Ils brisent très vite la glace et savent profiter de ces moments là.

    RépondreSupprimer