mercredi 6 avril 2016

Sur la via Egnatia de Bitola à Ohrid

Vendredi 1er avril - 12 km - 212 km cumulés

Nous partons en milieu de matinée, c'est le carnaval des enfants. Cela nous permet de passer inaperçus au milieu des papillons, des iron men et des princesses des neiges... Nous grimpons dans un faubourg puis dans des pâtures. Incroyable ! Les gens marchent ! En 2 mois en Grèce nous n'avons croisé aucun marcheur à part les bergers et ici à côté de Bitola jeunes et vieux se baladent. Le plus incroyable est que nous allons être accompagnés. Voilà de quoi dissiper nos premières impressions de méfiance après la frontière !
La chapelle à côté de laquelle nous pique-niquons est un point de ralliement de randonneurs. Après leur marche du matin, il se retrouvent devant le petit refuge pour boire le café et le raki. Marian, ancien officier qui parle un peu anglais et français, et Draguista arrivent les premiers. Ils nous parlent de leurs enfants, Alexandra et Alexander (Alexandre le Grand a vraiment la cote chez les Macédoniens !). Alexander est dentiste mais ne trouve pas de travail. Marian nous dit qu'il faut la carte du parti pour ça.
Slave, bon montagnard, puis Ljubco et sa femme arrivent peu après. Ljubco parle bien français. Il nous amène tout d'abord à quelques centaines de mètres pour nous montrer une portion bien conservée de la via Egnatia que nous n'avions pas vue. Ensuite, lui et Slave nous annoncent qu'ils marchent avec nous cet après-midi ! Le temps passe vite en leur compagnie. Ljubco nous montre les plantes comestibles, cite leur nom latin, nous montre une crotte de loup (composée de poils), nous fait découvrir les nombreuses sources et chante des chansons françaises ou, à notre demande, l'hymne de la Macédoine (comme dirait Solenn, la Marseillaise de la Macédoine). Ljubco est en forme malgré son pontage cardiaque. Slave est plus discret mais ne rate pas une occasion de nous aider dans les passages pentus ou boueux. Il nous quitte à Brushnik. Ljubco nous dit au revoir à Dihovo, notre étape de ce soir.
Nous campons dans le beau jardin de la villa Dihovo en joyeuse compagnie. Toutes les chambres du village sont occupées par des jeunes participants à une session "Erasmus plus" d'éducation au développement durable.
Pece, notre hôte, a été footballeur professionnel au Danemark. Il est maintenant professeur de sport dans les écoles et a développé ce lieu d'accueil avec ses parents. Il est aussi président local de Slow food pour promouvoir les produits alimentaires traditionnels. Cette région arrosée par de nombreuses sources de montagne et ensoleillée 200 jours par an est propice à la culture de fruits et légumes, à la production de vin, de fromages, de miel...


Le carnaval est dans la rue ! 



De droite à gauche : Draguista, Marian, Slave, Ljubco et sa femme.

Deux chatons de 2 jours dans la réserve à bois

 L'ancienne voie romaine 









Slave et Ljubco nous servent de guides.



La villa Dihovo



Pece a bien équipé le jardin en ballons, buts et crosses


Samedi 2 avril - 17 km - 229 km cumulés

Nous nous préparons tranquillement en écoutant le début de la session "From green to greener". Celle-ci se déroule du 1er au 10 avril et regroupe 27 participants de Macédoine, Grèce, Italie, Serbie, Albanie et Allemagne. Les jeunes vont confronter leurs expériences, les pratiques de leurs grands-parents et les leurs en matière d'achats, de consommation. Ils vont visiter des fermes, jardiner, aller au marché de Bitola, créer des objets à partir de déchets (là, ils auront du choix !), fabriquer des produits d'entretien, etc... Programme intéressant...
Nous partons avec une salade du jardin et des pommes de la récolte de Pece.

Après une portion de petite route, nous passons la majeure partie de la journée sur des chemins défoncés par les passages de troupeaux et de tracteurs, trempés par la fonte des neiges. Il nous aurait fallu des bottes ! Nous croisons d'ailleurs une trentaine de personnes, bottes aux pieds, sarclet sur l'épaule, scéne que nous ne voyons pas en France. Un peu plus loin nous apercevons 2 bergers. L'un d'eux s'approche, nous demande où nous allons...et nous précède pendant une petite heure, se retournant régulièrement pour vérifier que nous suivons. Au village de Rotino, nous lui montrons que nous faisons une pause casse-croûte. Nous lui demandons où trouver de l'eau, il est interrompu par un automobiliste et finalement nous réalisons que nous nous sommes posés devant sa maison ! Lui et son épouse Draga nous invitent à nous rafraîchir au robinet de leur jardin. Draga nous apporte du café, un soda arôme banane pour les enfants (aussi mauvais qu'un médicament) et à peu près 3 kg de pommes ! Nous allons manger chacun 4 pommes par jour pendant 2 jours pour écluser les pommes de Pece et de Draga. Ce sont de toute façon les seuls produits frais que nous aurons dans cette période. Le café épicerie que nous trouvons dans l'ancien centre culturel communiste de chaque village ne vend jamais de fruits et légumes frais.
Nous disons au revoir avec gratitude à Draga et Doran. Les rencontres chaleureuses de ces 2 jours nous aident à surmonter notre déception de ne pas voir notre famille qui devait venir, contrainte d'annuler son voyage.

Faute de trouver les restes d'une basilique byzantine, nous nous posons pour la nuit sur une prairie à côté du village de Dolenci.

Solenn s'entraîne pour le tournoi inter-écoles de hockey !

La session "From green to greener"

Doran et Draga 

Nous attribuons le trophée "sac plastique rouge" à la Macédoine, ex-aequo avec la banlieue de Novi Sad en Serbie et les villages bédouins et arabes d'Israël







Nous nous lavons avec l'eau de ce torrent de montagne... glacée mais qui nous permet de nous sentir propres après un journée à transpirer.

Dimanche 3 avril - 13 km - 242 km cumulés

La journée commence par une traversée de cours d'eau. Gwénolé essaie chaussé, cela lui vaudra des ampoules. Le reste de la famille passe pieds nus, tétanisé jusqu'aux mollets par le froid, bien que l'eau arrive juste aux chevilles.
Dolenci est un village hors du temps. Une seule rue est goudronnée. Les habitants s'affairent autour de leurs étables. L'occupation principale en ce matin de printemps semble être d'amener avec leurs vieux tracteurs du fumier dans les champs.
Nous suivons une vieille route goudronnée déserte sur plusieurs km. Nous faisons notre pause de midi à côté d'une chapelle. Xavier oublie l'appareil photo, un couple nous le ramène en voiture !
Nous traversons un peu plus tard le village de Sopotsko. Un homme nous aborde. Il parle allemand, a bénéficié du droit d'asile pendant 10 ans en Allemagne. Il est revenu en Macédoine et vit maintenant ici avec sa famille. Il nous dit qu'il y a du travail à Resen.
Nous voyons d'abord de Resen un complexe industriel abandonné puis un camion de pommes stationné au soleil. Le centre est plus animé. L'hôtelier nous dit d'abord qu'il n'a pas de place pour nous. Nous discutons dans le coin des taxis pour savoir comment aller au 2ème hôtel à 2 km. Notre premier hôtelier ressort alors et nous dit qu'il a 2 chambres. Nous ne comprenons pas tout mais cela nous arrange d'être logés en plein centre !
L'hôtelier tient aussi un bureau Western Union. Ces agences d'envoi et de réception d'argent fleurissent en Macédoine. Nous ne savons pas dans quel sens se font les transferts.

Le mont Pelister au fond

On se rechausse après la traversée 

Les pieds de maïs séchés sont coupés à la main

Dolenci est un village musulman. La mosquée ne semble pas utilisée au quotidien.


Tas de fumier prêts à être incorporés 

Une petite vipère

Encore une traversée acrobatique 



Ouf, un pont !
Sopotsko et ses maisons en briques de terre sèche



Resen, notre étape de ce soir



Pâtes et pizza dans l'unique restaurant ouvert

Lundi 4 avril - 7 km - 249 km cumulés

Nous faisons des courses pour les prochaines 24 heures. Nous remarquons que les collégiens et lycéens sortent entre les cours et achètent toutes sortes de snacks : parts de pizza sur lesquelles on leur rajoute du ketchup, feuilletés salés ou sucrés, chips, barres chocolatées, sodas...
Les hommes, quant à eux, sont attablés un peu partout. On se demande quel est vraiment le taux d'emploi ici.
Nous partons sous la chaleur. Après les vergers de pommes nous ne faisons que monter, sur un chemin forestier. Nous atteignons assez vite Petrino, village abandonné auprès duquel coule une source. Un replat accueille nos tentes ce soir. A 19h30 nous sommes couchés, en prévision de la traversée du parc national de la Galicica demain.





Notre bivouac au milieu d'un village abandonné au creux d'une vallée.



Yann a fabriqué un enclos à bêtes



Mardi 5 avril - 15 km - 264 km cumulés

A 9h00 nous quittons Petrino pour continuer la montée sur le chemin forestier. Un bipède à vélo arrivant derrière nous fait demi-tour en nous voyant. Nous avons dû lui faire peur ! Un quadrupède détale sans que nous ayons pu l'identifier. Nous entendons ses pas sur les feuilles et les craquements des branches.
Ensuite vient le passage le plus difficile : un dénivelé de 300 m sur une distance de 800 m au milieu d'un bois de hêtres. Pas moyen de tirer les chariots sur une pente pareille parsemée de branches, même avec l'aide des garçons. Nous passons en mode portage en faisant 2 pauses dont une pause chocolat. A midi nous sommes en haut et pouvons nous arrêter pour un pique-nique bien mérité.
Il nous reste à avancer sur un plateau sauvage, puis à descendre sur une piste de 4X4 défoncée jusqu'à Velgosti. Dans ce village de la banlieue d'Ohrid, les habitants sont souriants. Nous cherchons dans la supérette de quoi préparer un dîner puis nous montons au monastère de Ste Petka. Le gardien est plutôt froid. En revanche, le lieu, bien que vide désormais, est enchanteur. Une fois le gardien rentré chez lui, nous y sommes seuls et pouvons récupérer de cette longue journée en admirant le panorama sur le lac.

Vue sur le lac Prespa


La montée dans le bois de hêtres


Après la montée nous arrivons sur un plateau avant de redescendre vers la vallée d'Ohrid et de son lac


La source sort de terre. 
Nous nous y rafraîchissons. 

Lac d'Ohrid


Monastère Ste Petka où nous dormirons ce soir.







Sainte Petka (ou Parascheva)



Cette grande galerie est très agréable 





Nous dînons avec cette vue époustouflante sur le lac d'Ohrid


Mercredi 6 avril - 4 km - 268 km cumulés

Nous prenons notre temps avant de quitter ce havre de paix puis nous descendons tranquillement jusqu'au centre d'Ohrid où nous avons réservé un appartement. Cette ville d'environ 50 000 habitants n'usurpe pas sa réputation de lieu agréable à vivre. Avec ses 365 églises, elle est également appelée "petite Jérusalem". Nous allons pouvoir y passer quelques jours agréables.

Le fort d'Ohrid vu depuis le monastère 
L'église du monastère 


Arrivée à Ohrid


2 commentaires:

  1. Que d'aventures passionnantes et dans la réalité du moment. Modestement notre traversée du Mont Saint Michel s'est très bien passée, sans pluie.
    Nous vous souhaitons des accueils plus chaleureux et moins suspicieux ! Bon vent Catherine et Jean Louis 17h24 11 avril.

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  2. Toujours aussi passionnant.. Envie de vous rejoindre.. Ici on a repris le travail après une semaine de vacances à Valencia chez une soeur d'Olivier. C'était tres sympa mais rapide. Profitez bien! Bisou Lucie

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