jeudi 21 avril 2016

Sur la via Egnatia en Albanie de Lin à Elbasan

Mercredi 13 avril - 9km - 308 km cumulés

Nous quittons définitivement le lac d'Ohrid. Dans les champs de Lin, les habitants sont nombreux à s'activer. Les plus grands champs sont labourés par un tracteur mais sur la plupart des parcelles, jeunes et vieux bêchent à la main et nous verrons cela jusqu'à Elbasan. Le désherbage semble être fait tout le temps à la main dans cette région.

Ramadan, notre chauffeur de taxi de la veille, nous remonte jusqu'à l'hôtel à côté de la frontière, départ de l'étape du jour. Nous nous posons le long du chemin pour une pause pique-nique un peu après le bourg de Prrenjas. C'est là que nous rencontrons Nazmi et sa famille. Rencontre mémorable grâce à leur gentillesse. Ils nous accueillent comme si nous étions de leur famille. Rencontre précieuse car nous avons eu le temps de partager un peu de leur mode de vie qui n'existera peut-être plus dans quelques années, pour le meilleur et pour le pire.

Nous étions en train de manger quand un groupe d'adolescents est arrivé. Un d'eux, Aleks, est venu nous demander pourquoi nous étions là. Nous lui avons répondu que nous faisions la via Egnatia. Il nous a traduit que son oncle nous proposait de venir chez lui. Ils nous ont amenés dans une petite maison de campagne avec quelques poules, un chien, un chat et une vache. Ils avaient aussi plusieurs petits champs et un potager. Ils nous ont offert du café pour Papa et un jus de cerise pour Maman et nous 3. Ils nous ont proposé de dormir chez eux. Nous leur avons répondu oui. Maman a proposé à Katmira (la mère d'un des adolescents) de l'aider à faire le borek aux orties, une sorte de feuilleté. C'était son rêve d'apprendre à cuisiner les orties ! Nous avons mangé comme des rois! Le matin ils ont fait bouillir du lait de vache qui venait de sortir du pis! Délicieux! 
YANN ET XAVIER 

La vaisselle au camping 

Nos premiers bunkers albanais. Ils sont partout. Le dictateur Enver Hoxha en avait fait construire 700 000. Cela fut une des causes de la ruine économique du pays.


Un jet d'eau d'un stand de "lavazh" de voitures. Sur les routes en terre, celles-ci se salissent très vite ! 

L'usine communiste de Prrenjas se réhabilite 

Dans la famille Golemi. Des petites voisines viennent nous voir.

Un paysage très harmonieux



Xhuljan nous montre les alentours 

Prrenjas





Les restes de la via Egnatia 

Les matériaux naturels sont privilégiés car ils ne coûtent rien : clôture en branches épineuses. C'est aussi un bon moyen pour protéger les troupeaux du loup.



Xhuljan apprend à jouer au joker.

Katmira étale la pâte du borek

Borek avant cuisson



On cuit le dessus grâce à cette cloche recouverte de cendres chaudes

Puis le dessous


Partie de Uno avec des voisins, Soulema et Costa 


Le festin du soir dont nos hôtes mangeront les restes : soupe au riz, cuisses de poulet, poivrons grillés en conserve du jardin, borek aux orties, crème aux herbes et fromage de la vache, avec du pain maison.

Gezuar, tchin tchin en albanais !



Jeudi 14 avril - 21km - 329 km cumulés

Après le petit-déjeuner, il faut bien finir par nous quitter. Nous n'avons qu'une ( grosse !) tablette de chocolat (français !) à offrir. Nous nous embrassons tous. Aleks séche 2 heures de cours avec l'accord de ses profs pour nous dire au revoir. Lui et Xhuljan nous accompagnent sur les premiers mètres. Nous nous reverrons au moins par Skype !

Nous descendons jusqu'à Berzeshté dans la vallée de la rivière Skumbin puis nous grimpons petit à petit. Les sources sont partout et contribuent à rendre le paysage idyllique. Le peu d'ordures présent indique que les gens vivent ici à l'ancienne.

A Dardhë nous sommes accueillis par les villageois dans l'école. Nous mangeons dans le petit café restaurant. Les habitants défilent pour nous apercevoir. Nous nettoyons un des lavabos de l'école pour nous laver à l'eau froide.

Re-festin ce matin : lait, yaourt et fromage de la vache, oeufs des poules, confiture de figues et de cerises maison, pain maison

Le temps est à la pluie mais nous passons entre les gouttes 

Le marché de Berzeshté : animaux, fruits et légumes, quincaillerie. Les vendeurs et acheteurs repartent à pied ou avec leur âne bâté ou dans leur vieille Mercedes.

Sabri nous offre à boire dans sa ferme traversée par la via Egnatia


Même si la campagne est plus propre qu'en Macédoine certains endroits sont souillés 




Notre premier panneau de la via Egnatia 











Ce monsieur installe un 2ème panneau de la via Egnatia


Une crotte de loup






L'écriture du carnet

Un peu d'éducation au respect de l'environnement 

Vendredi  15 avril - 19km - 348km cumulés

Nous laissons la classe pour les élèves à 7h30. Nous prenons le petit-déjeuner en face puis glanons dans l'unique boutique et les 2 cafés de quoi pique-niquer.

Nous avons à peine le temps de nous échauffer dans un raidillon que Aïdar nous fait signe de venir chez lui. Il est habile pour communiquer avec un peu de grec, des gestes et les quelques mots de notre lexique. Il nous confirme la présence de loups et de serpents. Pour les premiers, nous avions repéré des crottes ainsi qu'un collier à pointes sur un chien. Pour les seconds, nous l'avions lu dans notre guide. Nadjmia nous apporte des cerises au sirop et du yaourt piquant. Les 2 vaches, les poules et les moutons sont autour de nous. Nous faisons signe que notre estomac est plein pour qu'elle ne vide pas ses réserves pour nous mais elle va quand même nous chercher 5 oeufs qu'elle emballe dans du papier journal.

Nous reprenons notre marche 3/4 d'heures plus tard émerveillés par l'accueil des Albanais. A midi nous nous permettons de refuser une invitation à boire un café, Gwénolé a déjà des palpitations ! Nous le regrettons vite car le jeune homme parlait anglais, nous aurions pu lui poser des questions.

L'après-midi nous rencontrons plusieurs troupeaux et leurs bergers puis plus personne. Par endroit, l'érosion a réduit le chemin à une sente trop étroite pour les troupeaux et les ânes. Nous devons alors porter les chariots pour éviter que la roue parte dans la pente. Nous sommes soulagés lorsque nous retrouvons un chemin large.
Au bord de la rivière, nous nous arrêtons pour la nuit à l'hôtel Balkans. Le serveur a vécu 7 ans à Hambourg,  il parle bien allemand.

La classe est chauffée au bois.

Au revoir !



Chez Aïdar et Nadjmia


Lorsque nous nous apercevons que les 5 oeufs achetés ce matin sont crus comme les 5 oeufs donnés par Nadjmia, il n'y a plus qu'à faire une omelette avant qu'elle se fasse dans le sac !

Un bunker grand format nous offre son ombre, à défaut d'arbre 


La voie romaine est bien visible





Passage délicat



Chaque lopin de terre est utilisé.

Des terrasses d'oliviers

La rivière Skumbin

Dîner à l'hôtel 


Samedi 16 avril -15km - 363km cumulés

Nous partons après avoir cherché pendant 1/2 heure les lunettes de soleil de Xavier, achetées une semaine plus tôt. Elles étaient dans le gros sac de Charlotte !
Après avoir rejoint la rivière, nous prenons de l'altitude en observant régulièrement des tortues. La petite boutique sur laquelle nous comptions pour le pique-nique est fermée et vide. Il faut faire avec ce qui nous reste de la veille : un peu de pain, un petit morceau de fromage et des biscuits. Nous dépensons cette énergie dans une descente qui ressemble à un torrent asséché. Nous nous faisons doubler par un homme et sa mule bâtée portant des sacs LIDL. Elle glisse car nous sommes sur son passage habituel.
Sur le chemin, un grand serpent traverse devant nous. Peu après, une source nous revigore. Nous arrivons au village de Shushicë où nous pouvons enfin faire le plein à la supérette.
Après un km sur la route en terre, nous nous posons pour la nuit sur un emplacement qui a toujours servi de lieu de repos pour les marchands et leurs caravanes. La sympathique famille qui tient le bar nous autorise à camper. Des sources ajoutent au charme des vieux arbres. A la nuit tombée, tous les clients sont partis et nous pouvons nous laver discrètement. Il ne nous reste plus qu'à écouter des chants d'oiseaux qui nous sont inconnus.

La patronne avait accepté de nous loger tous dans une chambre !




Au fond Elbasan




Notre lieu de bivouac pour la nuit.




Dimanche 17 avril - 6km - 369km cumulés

Ce matin, les enfants sont efficaces pour ranger leur tente.  Ils trouvent encore le temps de jouer avec l'eau !
Nous partons sur la route poussiéreuse. Les minibus bondés et une charrette à cheval côtoient les vieilles Mercedes.
A Hajdaran nous tombons sur un homme habillé tout en blanc. Sa montre, son sac, ses chaussures et même son vélo sont blancs ! Il parle anglais, est ingénieur et a été missionnaire évangélique. Il nous interpelle : "Etes-vous chrétiens ?"
"Oui. Nous revenons de Béthléem."
"Ah, mais peut importe où on est, Jésus est avec chacun ! Vous voulez aller au paradis ou en enfer ?"
"Ben, on espère au paradis."
"D'après vous, quel % de personnes ira au paradis ?"
Nous : "On n'en sait rien."
Lui :"100% car Dieu peut tout. Si vous lisez la Bible et priez, Dieu vous exauce !"

Là-dessus il enfourche son vélo et nous arrivons dans les faubourgs d'Elbasan. Notre première impression est celle du 1/3 monde. Tout se vend à même le trottoir : habits et chaussures usagés, pièces détachées de tout, volailles vivantes, poussins dans des cartons ... Nous nous faufilons là-dedans en restant bien groupés. Après quelques centaines de mètres le centre ville offre un visage plus moderne mais a conservé le marché central et tous les petits marchés qui ont fait la réputation d'Elbasan.
Les seuls hébergements sont quelques hôtels chers. Aussi, nous réservons au dernier moment un appartement sur internet via le wifi que nous captons devant l'office de tourisme fermé. La dame qui nous accueille s'occupe de l'appartement pour le compte de sa fille qui est à l'étranger. Ses 2 fils sont aussi expatriés, à Florence, avec 2 bons métiers comme elle nous le dit en italien, informaticien et architecte.





Contraste des véhicules.


Maison dans le vieil Elbasan



On profite de la cuisine pour faire une soupe de légumes.




1 commentaire:

  1. de beaux paysages! On imagine les rencontres intenses avec les habitants.. Romane, Pauline, Antoine
    Olivier et Lucie

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