Fin du séjour à Béthléem

Samedi 26 décembre

Zoughbi, frère de Nicolas, nous a invités à son association, Wi'am, à l'entrée du camp d'Aïda. Nous commençons à connaître l'endroit mais cela nous intéresse de voir le travail d'une autre association, celle là d'obédience chrétienne. Wi'am, fondée en 1994, a pour objectif la résolution des conflits. Zoughbi, comme Abdelfattah (de Alrowwad), parle de belle résistance. Wi'am accueille dans son jardin et ses locaux des enfants tous les vendredis. Depuis que le mur a confisqué l'espace vert du camp, ils ont planté des arbres dans le jardin. Les enfants peuvent faire aussi de l'art-thérapie. Des groupes de femmes se réunissent ici et des médiateurs se déplacent dans les écoles, les familles ou autre pour aider à résoudre de façon non-violente les conflits du quotidien.
Nous déjeunons sur place avec une Canadienne, son petit ami allemand et une famille française, grands-parents, enfants et petits-enfants. Nous demandons à Zoughbi sa vision pour l'avenir, dans le meilleur des cas. Il pense qu'il faut passer par 2 états puis un seul avec dans tous les cas égalité entre tous les habitants.
http://www.alaslah.org

Nous visitons ensuite de l'autre côté de la rue un musée qui présente des tenues traditionnelles, des photos de mariage des années 30, les restes d'un aqueduc romain et une exposition sur la diaspora palestinienne (sportifs, mannequins, écrivains...).
Gwénolé et Charlotte concluent l'après-midi par un apéritif chez les soeurs de St Joseph. Elles racontent chacune leur histoire. Toutes 2 originaires de Jérusalem, elles ont fui la ville avec leur famille en 1948. Cela devait durer une semaine, le temps que la situation se calme. En réalité, leurs maisons furent occupées et ils ne purent jamais revenir. Une des 2 soeurs se souvient que son père est allé trouver les Jésuites de l'université de Beyrouth avec une bague. C'était tout ce qui lui restait pour payer les études de ses fils. Soeur Fémia nous dit que sa famille était soudée, c'est ce qui les a aidés à supporter la situation.

Le jardin de Wi'am est exposé aux tirs de bombes lacrymogènes (celles-ci sont américaines) et aux jets de pierres.

Zoughbi nous montre les locaux de Wi'am et la vue sur le camp d'Aida

Vue sur le camp Aïda 

Dimanche 27 décembre

Ce matin nous tentons une nouvelle fois d'aller au champ des bergers à Bet Sahour. Du côté orthodoxe, c'est fermé et nous ne trouvons pas le champ des bergers catholique. A la place, nous tombons sur une parade de scouts devant une église. Nous reconnaissons leur uniforme. Eux aussi doivent nous reconnaître à force !
Cet après-midi l'évêque grec-catholique est en visite à la paroisse du père Yacoub. La messe a beau être en arabe, nous ne nous lassons pas de la liturgie et des chants.
Nous filons ensuite dans une famille dont la fille aînée, Elissa, est parrainée par des amis dans le cadre de l'association Avenir jeunes Béthléem. C'est l'occasion de découvrir la vie d'une famille chrétienne ordinaire d'ici. Les 2 parents travaillent, les enfants font du scoutisme, la majorité des oncles et tantes ont émigré en Amérique du Nord ou du sud ou en Europe.

Le père Yacoub en grande tenue

Le dikirion, un des deux chandeliers avec lesquels l'évêque bénit les fidèles 

Une des 2 processions 

On fraternise autour de la wii !

Avec Elissa, Hana et Jessica

Lundi 28 décembre

Une fois n'est pas coutume, nous partons en excursion avec Usama Nicolas, fils de Nicolas. Nous sommes en voiture cette fois. Nous passons un check-point à la sortie de Béthléem mais toujours en territoire palestinien. Nous le traversons sans être arrêtés. Usama nous raconte qu'une fois il a attendu 3 heures, il s'est plaint et s'est fait gifler par le soldat. Usama a par ailleurs été emprisonné deux fois, à 14 ans (4 mois) et 16 ans (6 mois) sous le régime de détention administrative c'est-à-dire sans motif. Il a mis à profit ce temps en prison pour apprendre l'hébreu et cet après-midi lorsque nous prenons un café il échange quelques mots avec un des militaires israéliens qui sont là en excursion. Nous admirons sa force de caractère !

Sur le chemin du retour, Xavier et Yann lui posent plein de questions sur la vie en prison. Il répond sans se lasser.

A Béthanie, mosaïques de l'ancienne église byzantine 

Dans l'église franciscaine, les fresques retracent la résurrection de Lazare 

Le tombeau de Lazare

Jardin des franciscains 

Le monastère St Georges dans le Wadi Qelt

Site de la rencontre entre Jésus et Zachée à Jéricho. A l'arrière, un tronc de sycomore

L'église orthodoxe du saint prophète Élisée à Jéricho 

Et l'on retrouve Zachée 

Monastère de la tentation.
Lieux présumé où Jésus, après avoir jeûné pendant 40 jours a eu 2 des 3 tentations : celle où le diable l'incite à transformer en pain des rochers et celle où, de ce sommet, il lui montre tous les royaumes et lui propose de les lui offrir s'il se prosterne devant lui.

Ruines du palais d'Hisham (8 ème siècle) à Jéricho 

L'arbre de vie en mosaïque 

Site du baptême de Jésus par Jean-Baptiste 

Nous pique-niquons dans cet espace tranquille et dans une atmosphère tiède. Usama regarde les oiseaux qui, eux, peuvent passer les frontières comme ils veulent.

Certains se plongent dans le Jourdain... qui est glacé ! En face, la Jordanie mais interdiction de traverser, des militaires armés gardent la frontière. 

Le cimetière est abandonné car il est au milieu de champs de mines signalés par les panneaux jaunes. Ces champs de mines plus un monastère criblé d'impacts de balles rappellent la guerre de 1967 entre Israël et la Jordanie.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons au monastère Saint Jérôme, lieu où celui-ci vécut en compagnie de son célèbre lion qu'il sauva de la mort et qui devint son ami. Les enfants sont plutôt intéressés par un perroquet qui dit "Marhaba" (bonjour) à chaque visiteur !

En compagnie d'Usama, notre guide pour la journée. 

Nous terminons notre journée au champs des bergers de Bethléem. Ce lieu franciscain est l'endroit supposé où les bergers reçurent des anges l'annonce de la naissance de Jésus. Une église a été construite dans les années 50 et chaque grotte est également aménagée en église.

Mardi 29 décembre

Nous arrivons - enfin - à visiter le musée de la Nativité qui présente des crèches du monde entier. Superbe !
Nous bouclons les derniers détails à régler avant de partir. Gwénolé renouvelle notamment notre carte téléphonique. En réalité il se fait avoir car la carte qu'il pense avoir achetée n'est qu'une carte SIM, que nous avons déjà. Nous préparons aussi des truffes pour amener dans la famille de Marlene qui nous a invités.
A 18 h, Marlene passe nous prendre pour nous amener chez elle. Nous sommes contents de passer un peu de temps avec elle et sa famille avant de quitter Béthléem. Marlene et Nadim son mari ont habité en France, ce qui facilite notre compréhension mutuelle. Ils sont revenus à Béthléem en 1994 après les accords d'Oslo, envisageant un avenir meilleur. Malheureusement ces accords n'ont pas été respectés... Nous parlons des difficultés des Palestiniens pour vivre et voyager, de l'exil dans leurs familles aussi, des traditions des grecs-catholiques, de la cuisine palestinienne. Marlene nous a préparé plusieurs spécialités : taboulé, cigares de pain fourré au poulet et aux oignons, houmous, olives et feuilles de vigne et courgettes farcies au riz et à la viande. Un délice !
Nous les quittons le coeur serré, espérant les revoir, les recevoir en France et leur rendre un peu de tout ce qu'ils nous ont donné. Merci de nous avoir si bien partagé votre culture !

Le dessin de Solenn de Béthléem 

Nadim, Gisèle, Lourdes, Marie et Marlene