jeudi 15 octobre 2015

Roumanie - De Calarasi au delta du Danube

Vendredi 2 octobre

Nous prenons notre petit-déjeuner avec Alin qui est resté dormir dans la maison. Nous mangeons des oeufs au plat. Les parents d'Alin viennent nous rendre visite. Ils ont pensé à nous : ils nous apportent des noix, des pommes, de la liqueur de cerise et du jus de tomate. Nous nous quittons avec beaucoup d'émotion. C'est une grande chance pour nous d'avoir passé la porte d'une de ces maisons que nous longeons depuis plusieurs semaines et d'avoir rencontré trois générations de cette famille si chaleureuse.

La route est facile jusqu'à Calarasi mais très passante sur les derniers km. Nous en apprécions d'autant plus l'étape de ce jour au bord d'un bras du Danube, au calme et avec le soleil et la chaleur qui reviennent.

Alin, ses parents et sa grand-mère Virginia
Nos 1ers pélicans
Récolte de roseaux
Notre unique piste cyclable de Roumanie

Solenn fait ses provisions de maïs pour donner aux poules croisées sur la route.
Calarasi sur les rives du Danube.
Pendant que les pêcheurs rentrent, les enfants font leur travail dans un kiosque du jardin.

Samedi 3 octobre

Après 10 km, nous prenons un bac qui nous conduit à la limite de la Bulgarie. Nous sommes sur des coteaux viticoles. Le long des routes, des noyers remplacent nos platanes français. Ils sont tous récoltés.
Vers 15 heures nous nous arrêtons au monastère St Jean Baptiste qui surplombe un lac. Nous visitons l'église. Alors que nous sortons, une moniale nous demande si nous avons faim. Nous faisons signe "moyennement faim", c'est juste l'heure du goûter qui approche et nous sentons de bonnes odeurs de pâtisseries. La soeur nous dit d'entrer dans la salle à manger. Nous nous imaginons déjà devant un strudel aux pommes. Quelques minutes plus tard, soeur Filotea-Maria dispose devant nous des assiettes, des couverts et finalement un repas complet : soupe aux légumes, purée, oeufs au plat, fromage, pain, pommes et le gâteau au blé que nous avons déjà goûté chez Luciano et Isabella. Nous prenons un peu de tout, c'est un délice !  Soeur Filotea-Maria connaît quelques mots de français. Nous comprenons qu'elles sont 8 moniales ici, depuis 2004. Elle nous confie une mission : envoyer une carte icône et une plaquette du monastère à sa soeur qui vit à Paris. Vu notre test non concluant de la poste roumaine, nous attendrons d'avoir quitté la Roumanie pour ce faire !
A 16 heures il y a une prière à l'église. Deux soeurs chantent à 2 voix sur des mélodies mi orientales, mi byzantines.
Émerveillés par cet accueil et bien repus, nous poursuivons jusqu'à Baneasa où nous faisons le plein d'eau à une fontaine.  Un peu après la sortie du village, nous trouvons une terrasse plantée d'acacias qui nous offre un endroit plat et à l'abri des regards pour bivouaquer. Quelle n'est pas notre surprise lorsqu'une charrette monte dans la nuit le raidillon que nous avons emprunté ! Ces gens doivent habiter un peu plus haut.  Nous ne serons pas plus dérangés.

Départ de Calarasi et changement de rive par le bac
Les coteaux sont plantés de vignes. Partout les vendanges ont commencé. 


Gâteau traditionnel ressemblant à  nos
gâteaux de riz mais avec du blé cuit.

Soeur Filotea-Maria et le monastère




Montée vers notre bivouac

Dimanche 4 octobre

Nous traversons nos premiers villages de la journée, très isolés. A Ion Corvin, une fillette nous fait signe qu'elle a faim. Nous lui donnons 2 pommes. Elle nous dit "banana familia", nous n'avons pas de bananes, elle nous demande de l'argent, nous ne voulons pas induire une relation touriste= porte monnaie. Elle ne veut pas dire son prénom... rencontre au goût amer.
La route file entre les marais et les coteaux.  Le paysage est varié et les panoramas superbes... Nos cuisses se musclent un peu plus !
Nous faisons notre pause déjeuner dans un bar avec une vue imprenable sur le Danube. On est dimanche et nous voyons débarquer jeunes et vieux venus se retrouver, souvent autour d'une bière.
Nous arrivons à Cernavoda où nous tombons sur la fête des vendanges ; plutôt sympa ! Nous voyons des danses de style oriental. Des stands de restauration sont installés : viande grillée/pain/moutarde, gâteau à la broche, épis de maïs bouillis ou grillés.

Nous alternons les paysages de marais et de coteaux

Pause pique-nique sous la tonnelle d'un bar où nous mangeons nos dernières glaces. 

Une tortue se trouve sur la route ! Nous la déplaçons sur le côté vers l'herbe fraîche. 

Soirée à Cernavoda

Lundi 5 octobre

La route continue de serpenter entre coteaux et bord du Danube. C'est beau mais très physique. Les bulbes des clochers se dorent. Nous passons à côté d'un château fort en "reconstruction". Cette nuit nous bivouaquons sur une colline non loin de la route mais bien à l'abri des regards.

Départ de Cernavoda

Le nouveau sèche linge de Charlotte.  Trop classe !






Notre aire de bivouac pour cette nuit.  Le travail du jour des enfants. 

Mardi 6 octobre

Départ dans le brouillard... pas très rassurant.  Nous sortons tout l'attirail le plus visible avec les ponchos jaune pétard et nos gilet fluos.  En sortant de notre colline, le pneu de Xavier est à plat... Après cette énième réparation, nous repartons.

A Garliciu Charlotte reconnaît sur un panneau "fromage de brebis". Voilà l'occasion de goûter quelque chose de typique. C'est la maison d'un couple de petits vieux. Dans la cour, il y a un bidon dans lequel des cubes de fromage trempent dans de la saumure. Nous en achetons un. Nous avons quelques vers en prime mais le fromage s' avère aussi bon que celui des moniales, avec un goût entre le Roquefort et le parmesan.

Quelques km plus tard, au milieu de rien, c'est le pneu arrière de Gwénolé qui se déchire ... décidément il est dur d'avancer aujourd'hui.  Alors que Gwénolé tente une réparation, une camionnette passe. Gwénolé l'arrête, une dame sort. Nous lui expliquons le souci et elle ouvre les portes arrières. En fait, elle revient d'un marché, son véhicule est rempli de quincaillerie jusqu'au plafond et contient tout ce qu'il faut pour les vélos. Incroyable ! Nous repartons avec un pneu neuf.

Après avoir longé une steppe toute plate pâturée, nous attaquons un peu plus loin des montées descentes au milieu de grandes parcelles agricoles, avec des montagnes rases en toile de fond. Nous avons de l'espace autour de nous !

Avec tout le temps passé en réparation, nous avons fait moins de distance que prévu. A Cerna il n'y a aucun logement. Nous bivouaquons donc un peu plus loin dans un petit bois près de la route.

Petit déjeuner dans le brouillard avant le départ ; à côté, les tentes "sèchent" sur des branches d'arbres



Pause pique-nique avant d'attaquer les montées-descentes


Vue sur l'église de Cerna

Mercredi 7 octobre

Nous avons le vent dans le nez toute la journée. Nous passons d'abord un col puis faisons un peu de ravitaillement à Macin. Nous sommes ensuite sur du plat, traversons le Danube sur un bac au milieu des poids lourds. Nous filons ensuite vers Galati, 14 km sur une route passante mais sans poids lourds. A 15 h nous y sommes mais nous mettons 2 heures pour trouver une chambre à un prix correct. Galati comme toutes les autres villes roumaines a été détruite par Ceausescu pour construire des "blocs". Seule subsiste à côté de notre hôtel une église fortifiée. 



Covrigi pour le petit creux de 11h




Galati - vues depuis notre suite

La seule rescapée de Ceausescu avec la cathédrale

Jeudi 8 octobre

Nous partons tôt car nous voulons trouver un hébergement et arriver au delta du Danube avant la pluie. Manque de bol, nous ratons le bac de peu et devons attendre le suivant. Ensuite se déroule la journée la plus éprouvante de la vélo route. Nous avons choisi cet itinéraire pour contourner les montagnes mais nous ne sommes pas pour autant dans la plaine et nous avons encore le vent de face alors que nous sommes dans la direction inverse de celle d'hier ! De plus, nous sommes sur une route relativement passante, il faut être vigilants tout le temps.
Un peu avant Tulcea, la première pension est complète mais heureusement nous trouvons rapidement un motel. Dans son restaurant nous goûtons la soupe de poisson, sorte de pot au feu de poisson.


Tulcea, réserve de biosphère !

Notre hôtel "6 étoiles" !

Vendredi 9 octobre

Ce matin, nous entrons réellement dans Tulcea, nous mesurons le chemin parcouru depuis Orléans. Le relief des derniers jours et le mauvais temps qui arrive font que nous ne regrettons pas de laisser nos vélos.
Après le travail des enfants, nous avons le temps de nous renseigner sur notre futur trajet vers Constanta. Ce ne sera pas possible en bus. Seuls des petits bus effectuent le trajet, nous ne pourrons pas y mettre les vélos. Restent les 2 trains qui quittent chaque jour Tulcea. 
A 13h 30 nous faisons un peu de gymkana pour installer les vélos à l'avant du bateau chargé à bloc de matériel et de passagers. Ambiance pas terrible : chacun défend son siège, son espace pour poser ses cabas. Nous parcourons un bras du Danube dont deux méandres sont raccourcis par un canal. Vers 16h nous arrivons à Crisan, village de 500 habitants construit tout en longueur entre le canal, des lacs et des marais.   Nous nous rendons chez Petre Vasiliu qui nous guidera demain, en français. Sa pension est fermée mais il nous a trouvé un logement à côté dans une maison typique et très fraîche !




Ça y est, nous avons terminé l'eurovélo 6, 4 200 km au compteur !

Notre ferry pour rejoindre Crisan

Chez Lina, nous avons une maison pour nous. La cuisine se fait à l'extérieur. 



Maison traditionnelle et maison de Petre

Samedi 10 octobre

À 9 h30 nous retrouvons Petre à son bateau. Un de ses amis, Petre, est là aussi. Nous avons mis tous nos vêtements pour affronter le vent et parfois la pluie. Nous partons du canal, rejoignons un bras du Danube, traversons 3 lacs puis revenons par plusieurs petits cours d'eau. Petre nous nomme les oiseaux : corneille mantelée, cormoran, cormoran pygmée, foulque, martin-pêcheur, aigrette, héron cendré, bihoreau ou pourpré, buzard des roseaux, cygne, pélican frisé. Le pélican (non frisé) manque à l'appel : ils sont déjà tous partis vers des cieux plus cléments. Le midi nous nous réchauffons autour d'un feu et aussi avec de l'alcool de prune et de la tisane. A part un bateau de touristes, nous voyons des pêcheurs en bateau ou sur les berges ; c'est un spot de pêche très couru. Les enfants s' y essaient l'après-midi. Ils remettent leurs prises à l'eau au fur et à mesure, la plupart étant de taille un peu limite. Les parents sont moins motivés par la pêche et se laissent gagner par une somnolence qui compense l'activité soutenue des derniers jours.

A 16h nous sommes rentrés à Crisan. Un cortège de mariage avance le long du canal. Nous reconnaissons les deux grands cierges couronnés apportés par le bateau la veille. Lina notre hôtesse a préparé des croissants au chocolat pour la noce. Elle nous en offre, ils sont très réussis.
Le soir nous nous glissons tous avec plaisir sous des couettes qui sont en fait des couvertures en laine rustique épaisse, bien chaudes.

Dans le delta du Danube nous avons vu pleins d'oiseaux (des busards des roseaux, des hérons et un pélican). Le monsieur nous a proposé de pêcher, c'était trop bien ! Nous avons pêché des rotengles, des perches et un brochet. À la pause de midi nous avons fait des grillades en faisant tenir la viande avec des branches plantées dans le sol!


La visite du Danube s'est très bien passée. 
SOLENN

Les 2 Petre

La hauteur d'eau est mesurée tous les jour. 7cm de plus pour aujourd'hui

Nous avons croisé ce bateau ! Nous n'avons  pas eu le mal de mer .
SOLENN



Un bihoreau

Envols de foulques







 Voici mon plus gros poisson que j'ai pêché ! 




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